Les langues régionales en France

Source photo: liberation



D’après un rapport ministériel de 2013 sur «les langues de France», six langues régionales sont encore utilisées couramment : l’alsacien-francique-mosellan, le basque, le breton, le catalan, le corse et l’occitan. A celles-ci s’ajoutent plusieurs langues d’outre-mer, telles que le tahitien, les créoles ou le wallisien et futunien. Si elles sont recensées, elles ne sont pourtant pas officiellement reconnues. Ainsi, bien que la France ait signé la charte européenne des langues régionales ou minoritaires en 1999, qui visait à les protéger et les promouvoir, elle ne l’a toujours pas ratifiée et seul le français a donc statut de langue officielle. La raison ? Pour le Conseil constitutionnel, le texte était contraire «aux principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français», preuve de l’importance de l’héritage jacobin. En 2013, la motion votée par l’Assemblée corse et donnant un statut co-officiel à la langue était pour la même raison déclarée anticonstitutionnelle.



Par ailleurs, depuis la loi Deixonne (aujourd’hui supprimée après avoir été intégrée dans le code de l’éducation), en 1951, le basque, le breton, le catalan et l’occitan peuvent être enseignés dans l’Hexagone. D’autres, comme le corse (1974), le tahitien (1981) ou l’alsacien (1992) suivront. Dès lors, des établissements bilingues conventionnés se sont développés pour les enseigner, à l’instar des ikastola basques, du Diwan breton ou de la Bressola catalane, qui permettent un apprentissage immersif dès les premières classes. Néanmoins, faute de reconnaissance officielle, ces structures sont gérées par des associations souhaitant défendre les langues. Dans les établissements classiques, les élèves devront se rabattre sur des cours en LV2 ou en option. Et si, in fine, l’idiome peut être présenté au bac, certains apprenants sont mieux lotis que d’autres : alors qu’un bascophone pourra aisément passer ses épreuves de mathématiques et d’histoire-géographie en basque (comme un élève de section européenne), un Alsacien ne pourra utiliser sa langue qu’au cours d’une épreuve orale facultative.


Une situation qui contraste avec ce qui peut exister à l’étranger. En Espagne, où la décentralisation est importante et où la charte européenne a été ratifiée, l’aranais, le basque, le catalan et le galicien bénéficient d’un statut officiel, en parallèle avec le castillan, dans les communautés autonomes où ils sont présents. Dans les lieux publics, comme les universités, les tribunaux ou les mairies. Un rêve pour certains régionalistes français.