La Belgique: les médicaments anti-sida à titre préventif remboursés

Le traitement préventif par trithérapie sera désormais remboursé par la sécurité sociale dans une série de cas où un patient a été exposé à un risque élevé de contamination. L'arrêté vient de paraître au Moniteur, mais avec un effet rétroactif qui permet aux hôpitaux de récupérer la dépense.
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De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'empêcher, par la prise rapide d'antirétroviraux, le passage du virus des cellules dendritiques des muqueuses aux ganglions lymphatiques puis dans le sang, et donc l'infection. On tue donc le virus avant qu'il n'ait le temps de faire sa première réplication dans une cellule du corps hôte. Pour cette raison, on doit le faire au plus tard après 48 heures. Au-delà, l'efficacité devient quasi nulle.

Cela marche-t-il ? Oui. Pour des raisons éthiques évidentes, on a jamais comparé son efficacité face à un placebo. Avec l'AZT, le premier antirétroviral, on avait estimé l'efficacité à 87 %. Avec les dernières molécules, elle semble atteindre 100 % (voir ci-contre). Cette administration de traitements pour empêcher l'infection était déjà offerte aux professionnels de la santé exposés lors de soins (contact avec du sang contaminé, piqûre perforante, etc.). Mais il était inaccessible aux patients de base. Sauf ceux pour qui les centres de référence Sida décrochaient des médicaments gratuits auprès des firmes pharmaceutiques.

Évaluation par le médecin de référence

Quels sont les cas couverts par ce nouveau remboursement ? Le premier, c'est la victime d'un viol, qui ignore si son agresseur est séropositif ou pas. Il faut qu'elle puisse rapidement obtenir la possibilité d'une administration d'une trithérapie qui permette de faire baisser les risques de devenir séropositif. Mais il y a d'autres cas, comme une agression avec une seringue. Ou un couple qui a des rapports réguliers et protégés parce qu'un des partenaires est séropositif et dont la capote explose. C'est le médecin prescripteur attaché au centre sida qui évaluera chaque fois la hauteur du risque et qui tranchera si un traitement est nécessaire. Deux hétérosexuels sans profil de risque spécifique (toxicomanie), même dans l'ignorance de leur statut d'infection, auront peu de chances d'obtenir ce médicament, dont les effets secondaires sont lourds. Il s'agit en effet d'une trithérapie à haute dose et intensive. C'est notamment pour cela que le risque de voir des patients négliger de se protéger pour recourir ensuite systématiquement à ce type de traitements est quasi nul, tellement les effets secondaires sont lourds.

Thierry Martin, directeur de la Plate-forme Prévention sida de la Communauté française de Belgique, actuellement à la conférence internationale du Cap, réagit positivement à cette mesure : « Elle existe dans de nombreux pays et est recommandée dans le monde entier par de nombreuses autorités sanitaires. Les associations de défense des intérêts des séropositifs la réclamaient depuis longtemps. Un accident de préservatif est hélas toujours un risque et peut devenir dramatique dans un couple dont un au moins des membres est séropositif. Le budget initialement prévu de 155.000 euros, qui ne permettrait qu'environ 150 traitements, risque cependant d'être trop court et devra être adapté à la réalité et aux nombres des cas soumis aux Centres sida »

Source: www.lesoir.be