Les Français sont d’insondables pessimistes



Editorial du « Monde ». On le sait, on l’entend, on le répète, on le constate : les Français sont d’insondables pessimistes, des dépressifs lourds, d’incurables anxieux, des masochistes majuscules. Ils broient du noir, craignent l’avenir, cultivent la nostalgie d’un âge d’or révolu, entretiennent la rengaine du « c’était mieux avant ». Au mieux, ils se replient sur eux-mêmes, au pire, ils se bourrent de médicaments ou se précipitent avec délectation sur le premier essayiste qui fait du déclin national son fonds de commerce.

On ne saurait trop leur conseiller, par conséquent, de se plonger dans le rapport que publie aujourd’hui France Stratégie, l’organisme d’analyse et de prospective rattaché au premier ministre. Cela leur permettrait – peut-être – de faire le tri entre réalité et fiction, entre un minimum de rationalité et un maximum de fantasmes. Intitulé « Lignes de faille », ce travail approfondi, nourri de solides travaux de recherche et de nombreuses enquêtes d’opinion, plonge au cœur du malaise français pour tenter d’en comprendre la nature et les ressorts.

La réalité ne fait plus sens

Son diagnostic est saisissant. Le décalage entre la situation effective du pays, l’évolution précise de la société, l’action réelle de l’Etat et des institutions d’une part, et la perception qu’en ont les Français d’autre part est aussi spectaculaire qu’inquiétant. Pour le dire autrement, la réalité ne fait plus sens, quel que soit le sujet abordé.
Prenez la question des inégalités sociales. Plus que tous les autres Européens, les Français ont une vision très négative de la distribution des revenus, 8 sur 19 estiment que les inégalités se creusent, 9 sur 10 se disent personnellement préoccupés par la pauvreté. Que constate le rapport de France Stratégie ? Après s’être réduites dans la seconde moitié du XXe siècle, les inégalités de revenu ont augmenté de façon limitée depuis une dizaine d’années et la France demeure l’un des pays développés les moins inégalitaires.

Autre exemple : la manière dont les Français se situent dans l’échelle sociale. Il y a quinze ans seulement, 3 Français sur 5 estimaient appartenir aux classes moyennes, populaires ou défavorisées ; ils sont aujourd’hui 3 sur 4. Pourtant, la structure socio-professionnelle de la population active évolue en sens inverse. De même pour la menace du déclassement social, omniprésente dans les esprits. Ainsi, entre 2002 et 2015, la part des Français qui jugent leur situation moins bonne que celle de leurs parents au même âge est passée de 17 % à 54 %. Or, c’est l’inverse qui est vrai : d’une génération à la suivante, la progression des niveaux de vie est réelle et les trajectoires sociales ascendantes beaucoup plus nombreuses que les trajectoires descendantes.

Quel que soit le sujet étudié, emploi, intégration, protection sociale, inégalités entre les territoires, etc., on constate le même fossé entre réalité objective et perception subjective.
En la matière, bon nombre des hommes et des femmes politiques jouent un jeu pervers. Eux connaissent ces chiffres, du moins l’espère-t-on. Or, la plupart de ceux qui prétendent conquérir le pouvoir s’y emploient en caressant dans le sens du poil le pessimisme des Français. Bref, ils en rajoutent, noircissent tant et plus le tableau, comme si c’était le plus sûr moyen de gagner les élections. C’est un cercle vicieux. C’est une attitude irresponsable et dangereuse.

Source: www.lemonde.fr

Le chef du Parti socialiste espagnol Pedro Sanchez contraint à la démission



Appelé à lever son veto à la formation d'un gouvernement de coalition avec Mariano Rajoy, le patron des socialistes espagnols a été mis en minorité lors d'un vote des instances de son parti.

L'entêtement de Pedro Sanchez aura eu raison de sa place à la tête des socialistes espagnols. Mis en minorité ce samedi par les instances du PSOE à l'issue d'une réunion de son comité fédéral, Pedro Sanchez a été contraint de démissionner de son poste de président du parti. Le chef de l'opposition espagnole paye principalement son refus de gouverner en coalition avec le Parti populaire du Premier ministre, Mariano Rajoy. Une stratégie de blocage impliquant le veto de 85 élus socialistes à la chambre des députés.

Un parti miné par les divisions
Le premier coup de théâtre s'était produit ce mercredi, lorsqu'une partie de son équipe a démissionné en bloc afin de l'obliger à quitter le navire. Les tensions au sein du PSOE avaient également été exacerbées par les défaites électorales historiques subies par le parti depuis que Pedro Sanchez est arrivé aux commandes, en juillet 2014.

"Les partisans de remettre le gouvernement au Parti populaire s'imposent au PSOE", a immédiatement réagi sur Twitter Pablo Iglesias, le chef de Podemos, parti de la gauche radicale. L'élu de 44 ans devra être remplacé par une direction intérimaire avant l'organisation d'un scrutin pour désigner son successeur.

Source: lexpress.fr