En Catalogne, Madrid dénonce un « acte stérile », les indépendantistes se mobilisent


Les nationalistes catalans se sont fortement mobilisés dimanche 9 novembre, lors d'un vote symbolique sur l'indépendance de leur région, organisé en dépit de son interdiction par le tribunal constitutionnel, qui l'a suspendue à la demande de Madrid.
Vers 18 heures, soit deux heures avant l'heure prévue de fermeture du vote, presque deux millions de personnes avaient participé à ce scrutin, selon l'exécutif catalan. Aussitôt après la diffusion de ces chiffres de participation, le ministre de la justice, Rafael Catala, a dénoncé un acte « de propagande stérile et inutile », sans « validité démocratique ».

Quelque 5,4 millions de personnes âgées de 16 ans et plus, ou résidant depuis un à trois ans en Catalogne pour les étrangers, pouvaient répondre à ces deux questions jusqu'à 20 heures : « Souhaitez-vous que la Catalogne soit un Etat et si oui, doit-il être indépendant » ?

QUELQUES INTERPELLATIONS

Dans la journée, cinq personnes ont été interpellées à Gérone, dans le nord de la Catalogne, après avoir dégradé l'un des bureaux de vote, a annoncé la police. Des manifestants ont fait irruption dans le bureau installé dans l'école hôtelière de la ville, insultant des électeurs et détruisant des urnes en carton et du matériel de vote.

Ils ont été interpellés, puis laissés libres dans l'attente de leur comparution devant un juge. Ils seront poursuivis pour violences, troubles à l'ordre public et pour les dégradations.


DES RÉSULTATS À PRENDRE AVEC PRUDENCE

Samedi, le président du gouvernement, Mariano Rajoy, avait minimisé l'importance de ce vote, assurant qu'il n'aurait aucune conséquence. « Ce n'est ni un référendum, ni une consultation, ni quoi que ce soit de ce genre », avait-il insisté en appelant les Catalans à « revenir à la raison ».

Le mouvement pour l'indépendance existe depuis longtemps dans cette province riche, dotée d'une culture et d'une langue propres, mais il a pris de la force ces dernières années de difficultés économiques. En raison de la crise, de nombreux Catalans jugent qu'ils donnent trop à l'Etat et n'en reçoivent pas assez.

Les résultats de cette consultation devront être pris avec prudence, mettent en garde les analystes, qui soulignent que les partisans de l'indépendance seront nombreux à se déplacer pour voter, tandis que les partisans d'un maintien au sein de l'Espagne risquent de boycotter le scrutin.


Source: www.lemonde.fr