Pedro Almodovar dénonce un "plan d'extermination" du cinéma espagnol




Le cinéaste Pedro Almodovar accuse dans une tribune le gouvernement conservateur espagnol de vouloir "exterminer" le cinéma de son pays, après l'annonce que le secteur, déjà affaibli par une hausse de la TVA et la crise, subira de nouvelles coupes budgétaires en 2014.



Dans une tribune intitulée "Cinéma espagnol. L'extinction" publiée samedi 12 octobre sur le site indépendant Infolibre.es, le célèbre réalisateur âgé de 64 ans dénonce la "hausse brutale" du taux de la TVA, passé de 8 % à 21 % en 2012.

"Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse, (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes", écrit-il.

"Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoirqu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination", accuse-t-il.

Selon Pedro Almodovar, la droite espagnole n'a jamais pardonné au secteur sa mobilisation en 2003 contre la guerre en Irak, à laquelle a participé l'Espagne sous le gouvernement conservateur de José Maria Aznar. "Depuis notre 'Non à la guerre', le cinéma espagnol est dévenue la bête noire des gouvernements du PP (Parti populaire). Les coupes et le mépris actuels résultent de ce "Non", dont je ne pourrais jamais me repentir même s'il ne devait plus rester un cinéma ouvert", écrit-il.

Selon le projet de budget 2014 approuvé le 30 septembre en Conseil des ministres, le budget consacré à l'Institut de la Cinématographie et des Artsaudiovisuels (ICAA) sera en 2014 de 48,21 millions d'euros, soit 12,4 % de moins qu'en 2013, quand il avait déjà fondu de 22,6 % par rapport à 2012.

L'opposition socialiste dénonce une chute de 58 % du budget public destiné depuis 2011 au cinéma, un secteur qui souffre en plus depuis plusieurs années de la chute de la consommation en Espagne, pays en récession et au chômage record (26,26 %), et du piratage.





Source: www.lemonde.fr

Naufrage de Lampedusa: 6 points pour tout comprendre



Un "drame", une "tragédie". Les mots ne sont pas assez forts pour qualifier le naufrage de Lampedusa, qui pourrait avoir coûté la vie à plus de 300 personnes, bien décidées à trouver refuge sur le Vieux continent. Trois jours après la catastrophe, les réactions politiques sont divisées, dénonçant tantôt une Europe trop refermée sur elle-même, tantôt trop ouverte. Explications. 

Ce qui s'est passé

Jeudi, un bateau transportant quelque 500 migrants, en provenance de la Corne de l'Afrique, faisait naufrage près de la petite île de Lampedusa, en Sicile. À leur arrivée sur les côtes européennes, les occupants ont allumé leurs feux de détresse pour signifier leur présence aux navires marchands. Leur navire aurait alors pris feu du fait de la présence de fioul, avant de couler. Seules 155 personnes ont pu être ramenées sur la terre ferme, laissant présager un bilan désastreux de plus de 300 morts, puisqu'il n'y a désormais plus aucune chance de retrouver des survivants.  


Qui sont les victimes ?

Le bateau serait parti de Libye, transportant à son bord une majorité de Somaliens et des Erythréens. Les opérations de sauvetage avaient été interrompues à cause du mauvais temps, mais ont bel et bien repris ce dimanche. 83 nouveaux corps ont été repêchés dans la journée, portant le total à 194 cadavres. Le naufrage pourrait être le plus meurtrier en Italie depuis 1996, lorsque 283 personnes avaient péri. Une course contre la montre est désormais engagée pour retrouver un maximum de cadavres, alors que le courant menace d'en emporter toujours plus. 


L'Italie décide de tripler les places de migrants

Face à cette tragédie, l'Italie a fait savoir ce dimanche sa décision de tripler les places pour l'accueil de réfugiés. La ministre de l'Intégration italo-congolaise Cécile Kyenge qui devait se rendre dimanche à Lampedusa, a annoncé dans le Corriere della Sera que les centres pour immigrés vont passer "de 8000 places à 24 000 places". L'île de Lampedusa (où le centre d'accueil est surpeuplé: 1000 personnes pour une capacité de 250 places) et toute l'Italie font face à un nouvel afflux exceptionnel de migrants, avec 30000 arrivées depuis le début 2013 


Jean-Marc Ayrault appelle à la coordination européenne

En déplacement à Metz samedi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réclamé la rapide mise en place d'une réunion pour revenir sur le drame. Il se dit "profondément touché" par la tournure des évènements.  
De son côté, Rome a obtenu que la question de l'immigration figure à l'ordre du jour d'une réunion ministérielle européenne à Luxembourg mardi. Avec d'autres pays du sud de l'Europe comme la Grèce et l'Espagne, l'Italie estime assumer un fardeau trop lourd, et voudrait aussi plus de coordination pour surveiller les côtes, surtout de Libye et de Tunisie, d'où partent les bateaux clandestins. Selon des ONG, entre 17 000 et 20 000 migrants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée ces 20 dernières années. 


L'Europe, une forteresse ou une passoire ?

Pour Jean-François Copé, le naufrage révèle la nécessité de réformer Schengen. Il en fait même une "priorité absolue". Selon lui, "tant que nous laisserons croire à des millions d'hommes et de femmes à travers le monde que l'Europe est un continent ouvert à tous les flux, que nos frontières sont des passoires, alors il y aura des mafieux pour les exploiter, il y aura des réfugiés prêts à tenter le tout pour le tout pour arriver sur notre sol".  
Et de pointer du doigt la réaction du Parti Socialiste: "quand j'entends la réaction du Parti socialiste dire que cette catastrophe est arrivée parce que l'Europe est une forteresse, les bras m'en tombent!", s'est-il exclamé, faisant allusion à un communiqué du PS, publié vendredi, dans lequel le parti majoritaire affirme que l'Union européenne "doit s'interroger sur la gestion de ses frontières maritimes qui la transforment parfois en forteresse". 
Anne Hidalgo avait quant à elle appelé à plus d'humanité de la part de l'Europe quant à l'accueil des immigrés. 


Les accords de Schengen, c'est quoi ?

Les accords de Schengen sont signés au départ par cinq pays en 1985 mais ne sont mis en place qu'en 1995. Ils garantissent notamment l'harmonisation des conditions d'entrée dans ces pays et des visas pour les courts séjours, l'amélioration de la coopération policière, le renforcement de la coopération judiciaire via par exemple un système d'extradition plus rapide.  
Mais surtout, ils créent un espace dans lequel les contrôles aux frontières intérieures sont supprimés. Tout citoyen se trouvant dans l'un des pays signataires de l'espace Schengen peut voyager sans visa, ni passeport dans les autres états. Face à l'arrivée des migrants, certains États, dont la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy, s'étaient positionnés sur une plus grande souveraineté au profit des pays membres de l'Union.