Typhon Haiyan : sous le choc, les Philippines comptent leurs morts

Photo: www.lexpress.fr

Haiyan est l'une des plus violentes tempêtes de l'histoire à avoir touché terre, avec des vents enregistrés à plus de 300 km/h.
Les autorités s'attendent à un bilan de plus de 10.000 morts, de nombreuses communautés restant injoignables.
Certains rescapés profitent de la désorganisation des forces de l'ordre pour s'adonner au pillage.

Quartiers rasés, corps gisant sur le sol et survivants hébétés dans les rues, Haiyan, l'un des typhons les plus violents de l'histoire à avoir touché terre, a balayé les Philippines vendredi et samedi, causant la mort d'«au moins 10.000 personnes dans le centre du pays», selon un chiffre non officiel de la police. Le bilan pourrait encore s'alourdir, de très nombreuses communautés restant injoignables.
• Des milliers de cadavres au milieu de scènes de pillage
Plus de 48 heures après le passage du typhon, le centre de l'archipel est le théâtre de scènes d'horreur, alors que les rescapés, désespérés, cherchent à boire et à manger. Le cyclone a détruit 70 à 80% des régions qu'il a traversées vendredi et samedi dans la province de Leyte, au centre du pays, selon un responsable de la police locale. À ce stade, aucun Français ne figure parmi les victimes, selon le Quai d'Orsay.

À la lisière de Tacloba (220.000 habitants), une des villes côtières les plus touchées, des zones entières ont été détruites. Une équipe de récupération des corps s'active, mais les soldats paraissent dépassés. «On a six camions à travers la ville qui ramassent les corps. Ce n'est pas suffisant», déclare le conducteur d'un des véhicules. «Il y a des corps partout.»
Les secours d'urgence ont du mal à atteindre les villages ravagés le long de la côte. Les habitants, hébétés, sont à la recherche de leurs proches disparus ou en quête de vivres.
Certains rescapés du typhon adoptent des stratégies de survie plus agressives, profitant de l'absence des forces de l'ordre pour piller des cadavres. À Tacloba, des habitants ont brisé les rares vitrines des magasins qui ont résisté aux vents, ou tordu à l'aide de leviers les grilles de quelques échoppes. «Un boucher, désespéré, brandit un revolver vers les assaillants. Qui n'en ont cure et dévalisent le commerce», raconte un correspondant de l'AFP sur place.

• Un bilan estimé à plus de 10.000 morts
Des vents atteignant 313 km/h avec des pointes à 378 km/h ont été enregistrés et la montée des eaux a englouti des localités situées jusqu'à un kilomètre à l'intérieur des terres. Les autorités craignent qu'il y ait environ 10.000 morts sur Leyte et chiffrent à 300 le nombre de décès sur l'île voisine de Samar, où 2000 personnes sont portées disparues. Si ce bilan se vérifie, Haiyan sera la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire récente des Philippines. La précédente date de 1976, lorsqu'un séisme et un tsunami avaient causé la mort d'environ 8000 personnes sur Mindanao, une île du Sud.
• Appels aux dons des ONG
Les ONG Action contre la faim (ACF) et Secours populaire français (SPF) ont lancé des appels aux dons. ACF se prépare à intervenir en urgence dans le pays et fait appel à la générosité des Français.
De son côté, le Secours populaire indique qu'il «met tout en œuvre pour activer tous ses réseaux en Europe et dans le monde pour épauler les associations partenaires en Asie». Il invite ceux qui souhaitent soutenir ses initiatives à adresser un don financier en précisant «urgence Typhon Haiyan» aux comités et fédérations du SPF ou au Secours populaire français 9-11, rue Froissart, BP 3303, 75123 Paris Cedex, ou encore sur son site Web.
• L'aide internationale s'organise
Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont déjà proposé leur aide.
La Commission européenne a annoncé dimanche matin qu'elle débloquait 3 millions d'euros. «La Commission a envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer aux secours par une aide d'urgence», a fait savoir samedi son président, José Manuel Barroso.
Les États-Unis vont fournir des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage, après une demande de Manille.
Le pape François a appelé dans un tweet les catholiques à prier pour les victimes, et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit «profondément attristé par l'ampleur des pertes humaines».
De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l'ONU, est en train d'organiser le transfert de 40 tonnes d'aide alimentaire. L'Unicef, l'agence onusienne pour l'enfance, a déjà préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie qui partiront d'un de ses centres de logistique à Copenhague et devraient arriver aux Philippines mardi.

Source: www.lefigaro.fr