Egypte : les autorités dévoilent un calendrier électoral




Le président intérimaire a décrété lundi soir l'organisation d'élections législatives avant 2014. Une initiative immédiatement dénoncée par les Frères musulmans qui appellent à une nouvelle journée de manifestations.

Alors que les violences ont atteint un nouveau pic avec des dizaines de morts dans les rangs des pro-Morsi dans la seule journée de lundi, les autorités égyptiennes de transition ont fixé dans la nuit par décret un calendrier de transition électorale. Prévu pour durer environ six mois, il s'ouvrirait sur un projet de nouvelle Constitution soumise à référendum dans quatre à cinq mois. Dès la Constitution adoptée, des élections législatives seront organisées dans un délai de quinze jours, puis une élection présidentielle une fois que le nouveau parlement se sera réuni. Le président par intérim, Adli Mansour, a précisé que l'organisation du scrutin aurait lieu au plus tard début avant le début de février 2014.
Sur la question de la nouvelle loi fondamentale, un comité doit être formé d'ici quinze jours pour amender la Constitution d'inspiration islamiste adoptée en décembre, qui a été suspendue mercredi lorsque l'armée a destitué le président issu des Frères musulmans, Mohammed Morsi. Dans un geste d'apaisement à l'intention des islamistes, Adli Mansour a précisé que le nouveau pouvoir ne remettrait pas en question l'article 2, qui stipule depuis des décennies que la charia est la principale source de législation. D'ici au scrutin sur ce nouveau texte, le président intérimaire sera habilité à émettre des lois, après consultation du gouvernement transitoire qui devrait être prochainement formé.
«Un décret qui ramène le pays à la case départ»

Ce calendrier électoral a été immédiatement dénoncé par un haut responsable des Frères musulmans. «Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes... ramène le pays à la case départ», a commenté Essam al-Erian sur son compte Facebook. L'annonce de cette transition intervient alors que de nouvelles violences ont fait tôt lundi au moins 51 morts et 435 blessés, d'après les urgences, qui n'ont pas précisé s'il s'agissait exclusivement de manifestants islamistes. Mais les Frères musulmans ont diffusé une liste comportant les noms de 42 de leurs partisans tués, tandis que la police et l'armée ont fait état de trois morts dans leurs rangs.
Ces nouvelles violences aggravent le climat d'extrême tension qui prévaut en Egypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste à l'issue de manifestations monstres réclamant son départ. Les Frères musulmans, qui avaient appelé au «soulèvement» après les violences de la matinée, ont d'ailleurs baissé le ton d'un cran leur rhétorique guerrière. Ils ont néanmoins appelé à de grandes manifestations ce mardi. En réaction au coup d'Etat militaire suivi par des actions répressives, culminant par le massacre de la Garde républicaine qui s'est produit à l'aube, nous appelons tous les citoyens et honorables personnes à protester à travers toute l'Egypte», a déclaré un porte-parole. Les Frères musulmans affirment que leur sit-in a été pris d'assaut par surprise à l'aube, alors que la première prière de la journée se terminait. L'armée a appelé les partisans de Mohammed Morsi à lever leurs sit-in, en assurant qu'elle ne tolèrerait aucune «menace à la sécurité nationale».

Source: www.lefigaro.fr