Eurogroupe : l'Espagne recevra un premier versement de 30 milliards d'euros à la fin du mois

Les ministres des finances de la zone euro se sont mis d'accord dans la nuit de lundi 8 juillet sur les modalités de leur aide à l'Espagne, avec un premier versement de 30 milliards d'euros à la fin du mois, a annoncé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. "Nous sommes parvenus à un accord politique" sur "un projet de mémorandum" sur l'aide au secteur financier espagnol, a dit M. Juncker à l'issue de neuf heures de réunion. Le but est de "formaliser l'accord dans la seconde partie du mois, ce qui permettra un versement de 30 milliards d'euros d'ici à la fin du mois", a-t-il ajouté, en précisant que la maturité des prêts pourra aller "jusqu'à quinze ans". Les banques espagnoles pourront recevoir en tout jusqu'à 100 milliards d'euros, ont rappelé les ministres. L'aide se fera sous conditions, à la fois pour le secteur financier dans son ensemble et pour chaque établissement bancaire, dont le ministre des finances allemand a évoqué la limitation des salaires des dirigeants. D'autre part, la zone euro est d'accord pour que l'Espagne soit autorisée à ne ramener son déficit public à 3 % qu'en 2014 au lieu de 2013, en raison des difficultés économiques du pays. "L'Eurogroupe soutient la recommandation de la Commission de prolonger d'un an la date limite accordée à l'Espagne pour corriger son déficit excessif", a déclaré M. Juncker, en justifiant ce délai par la "situation économique dégradée" du pays. JUNCKER RECONDUIT POUR DEUX ANS ET DEMI Les dix-sept ministres des finances de l'Eurogroupe ont pris une autre décision, très attendue depuis des mois, sur la succession de leur président. Ils ont décidé de renommer M. Juncker pour un nouveau mandat théorique de deux ans et demi à la tête de l'organisation. Mais M. Juncker a lui-même précisé qu'il partirait "bien avant ce terme, d'ici à la fin de l'année ou au début de l'an prochain". La France, réticente à la candidature du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, poussait pour une prolongation du mandat du Luxembourgeois. Le ministre des finances français, Pierre Moscovici, s'est dit "très satisfait" de la solution trouvée. Il a assuré qu'il ne s'agissait ni d'une "rustine", ni d'un "intérim", ni d'une solution "provisoire". Interrogé sur une hypothèse qui a circulé dans la presse, qui verrait, après le départ de Jean-Claude Juncker, la présidence de l'Eurogroupe confiée d'abord à Wolfgang Schäuble puis à Pierre Moscovici, ce dernier a assuré ne pas être "demandeur". "Ce n'est pas une proposition française", "je ne me mets pas dans cette position-là", a-t-il déclaré, sans toutefois l'exclure. Pour sa part, le ministre allemand, prié de dire s'il était toujours intéressé par le poste, n'a pas répondu clairement, renvoyant la balle dans le camp des chefs d'Etat et de gouvernement. Au terme de la réunion des argentiers de la zone euro, un responsable européen a annoncé que l'Allemand Klaus Regling, patron du fonds de secours temporaire de la zone euro, le FESF, prendra la tête du futur Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de sauvetage permanent qui doit voir le jour prochainement. Klaus Regling, qui dirigeait le Fonds européen de stabilité financière (FESF) créé au printemps 2010 après le début de la crise grecque, faisait figure de favori, d'autant que son compatriote Wolfgang Schäuble n'a pas obtenu la présidence de l'Eurogroupe qu'il convoitait. Source: www.lemonde.fr