"Je serai le président de tous".François Hollande élu président avec 51,9 % des voix.

La victoire enfin ! Trente ans après la première élection de François Mitterrand le 10 mai 1981, les socialistes français tiennent « leur » alternance. Leur QG parisien de la rue de Solferino est en état de siège. La place de la Bastille est déjà envahie. Ils ont gagné. Ils le savent depuis la fin de l’après-midi. Ils le clament. Dans la rue de Solferino à Paris, ils sont des milliers à brandir les drapeaux de la campagne « Le changement, c’est maintenant ! ». Contrairement au premier tour, les responsables du parti se font discrets. Tous sont en conciliabules dans les étages. L’heure est grave. « On sait que ce sera dur. On ne mentira pas aux Français » lâche, à son arrivée, le maire de la capitale Bertrand Delanoe. Martine Aubry, la patronne du parti, a réuni tous les caciques dans son bureau. La patronne des députés européens du PS Français, Catherine Trautmann, multiplie depuis 18 heures les appels à tous ses homologues du continent. La presse française et internationale, tassée au rez de chaussée et dans la cour intérieure, distille les nouvelles. Le premier ministre socialiste belge, Elio Di Rupo, est en route pour Paris. Oui, François Hollande a gagné. Sur les écrans, les extraits de ses discours apparaissent. Le visage de François Mitterrand, en 1981, rappelle les grands moments. Mais il ne s’agit plus de changer « la vie ». « Changeons la France, ce sera déjà beaucoup » tranche David Assouline, sénateur socialiste de Paris. Une fête ? Non, une communion. Logique. Dans ce quartier des ministères, la foule est acquise. Elle se délecte d’apprendre, par portables et médias sociaux interposés, que l’UMP remballe ses estrades à la Concorde, et conspue les images des portes fermées de l’Elysée, où Nicolas Sarkozy cogite, dit-on, avec ses conseillers. A-t-il déjà appelé François Hollande au téléphone ? Chacun y va de son information. « Hollande se souviendra de ceux qui l’ont aidé » veut croire un militant du parti, qui défendit sa candidature aux primaires contre celles de Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et autres… Les invités ? Des artistes, des activistes, des hauts fonctionnaires aussi. La chanteuse Sapho, qui était ici lors du premier tour, a quitté les lieux pour être à la Bastille au moment du discours retransmis depuis Tulle. Elle ne cache pas sa joie, s’énerve contre « Sarko le dément ». On sent que chacun se retient. Il y aura l’alternance. Mais sans doute, aussi, l’heure des règlements de compte, au moins verbaux ! La Bastille est à l’autre bout de Paris. Les stations de métro proches sont bondées. Tout un cortège de militants décide d’y aller à pied, le long de la Seine. Ils chantent leur victoire sous un Paris qui, par chance, est enfin ensoleillé après un weekend end de pluie. Les envoyés spéciaux des chaines de télévision du monde entier attendent, tels des sprinters, l’heure fatidique pour prendre l’antenne. Il y a trente ans, le 10, rue de Solferino était devenue l’épicentre du pouvoir en France. Puis il y eut les « affaires » éprouvantes du second septennat Mitterrand, la défaite terrible de Lionel Jospin au premier tour des présidentielles d’Avril 2002. Ce haut lieu politique de Paris était presque, un temps, devenu maudit. Symbole de querelles, de divisions, d’incapacité à gérer le pays face à la « tornade » Sarkozy. Mais le vent a tourné. La vague que prédisait le président sortant l’a renversé. C’est maintenant un tsunami qui envahit le quartier. Il est 20 heures. François Hollande, leur candidat, est enfin président de la République. Source: www.lesoir.be