Des milliers d'«indignés» défilent à travers le monde


Photo: www.elpais.es

En Europe et dans le monde, les groupes de manifestants contre le pouvoir de la finance et la précarité liée à la crise ont répondu présents samedi pour une journée de mobilisation internationale.

• Des incidents à Rome
Des dizaines de milliers de manifestants, inspirés par les «indignés» de Wall Street et d'Espagne, ont défilé samedi à Rome, dont le centre-ville avait été bouclé par la police. «Une seule solution, la Révolution !», «Nous ne sommes pas des biens dans les mains des banquiers», pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.


À Rome, plusieurs voitures ont été incendiées. Crédits photo : ALBERTO PIZZOLI/AFP
D'après les médias italiens, leur nombre devait atteindre entre 100 et 200.000 personnes. Les plus grands monuments de la capitale ainsi que quatre stations de métro ont été fermés pour l'occasion, et 1500 policiers ont été mobilisés.

Mais la mobilisation des forces de l'ordre n'a pas suffi à empêcher des débordements. Des groupes d'inconnus masqués de noir ont ainsi fracassé les vitres de banques et mis le feu à plusieurs voitures en plein centre de Rome. Les forces de l'ordre ont lancé l'assaut alors que des centaines d'éléments incontrôlés lançaient fumigènes, coktails molotov et bouteilles. En outre, une annexe du ministère de la Défense a été en partie incendiée. Les pompiers avaient du mal à arriver sur les lieux, se frayant un passage parmi les dizaines de milliers de personnes qui manifestaient. Ces violences ont fait 70 blessés, dont trois graves.

Les «indignés» ont reçu le soutien du gouverneur de la Banque d'Italie, Mario Draghi, qui doit prendre la tête le mois prochain de la Banque centrale européenne. «Les jeunes ont raison d'être indignés», a déclaré Draghi à des journalistes italiens en marge de la réunion du G20 à Paris. «Ils sont en colère contre le monde de la finance. Je les comprends», a déclaré cet économiste de 64 ans.

• Plusieurs milliers devant la BCE en Allemagne
À Francfort, dans l'ouest de l'Allemagne, c'est le siège de la Banque centrale européenne (BCE) qui a cristallisé la mobilisation. Environ 5000 à 6000 personnes se sont rassemblées sur la place qui fait face à l'institut monétaire européen et sur laquelle se dresse un grand sigle de l'euro bleu et jaune. Sur les pancartes, on pouvait lire «Ne bradons pas la démocratie à la BCE» ou encore «Brisons la dictature du capitalisme».

• Modeste mobilisation à Paris
Des centaines de personnes se sont massées samedi après-midi place de l'hôtel de ville à Paris. «Paris, Paris, soulève toi!», ont-elles scandé devant badauds et touristes. Une soirée festive était prévue place de l'hôtel de ville à Paris.

• Le Parlement portugais encerclé
Environ 40.000 personnes ont manifesté au Portugal, deux jours après l'annonce par le gouvernement de centre droite de nouvelles mesures d'austérité. À Lisbonne, plus de 20.000 manifestants partis de la place Marques de Pombal ont encerclé le palais Sao Bento qui abrite l'Assemblée nationale aux cris de «Cette dette n'est pas la nôtre» ou «FMI, dehors». Vingt mille autre personnes ont défilé à Porto, la deuxième ville du pays.

• Julian Assange à Londres

Julian Assange, samedi à Londres. Crédits photo : LUKE MACGREGOR/Reuters
À Londres, quelque huit-cents protestataires, dont le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, se sont rassemblés dans la City, le coeur financier du pays, sur les marches et le parvis de la Cathédrale Saint-Paul non loin du London Stock Exchange, la Bourse britannique. «Nous soutenons ce qui se passe ici parce que le système bancaire à Londres est le bénéficiaire d'argent issu de la corruption», a lancé le fondateur de WikiLeaks. Les manifestants brandissaient des banderoles proclamant «Pas de coupes», en référence à la politique drastique d'austérité du gouvernement britannique, ou encore «Goldman Sachs est l'oeuvre du diable».

La police londonienne, sévèrement critiquée pour son manque de réactivité lors des émeutes au mois d'août dernier, a mis en place un important dispositif, avec des cordons policiers et des véhicules encerclant les manifestants largement pacifiques. Des heurts mineurs avec la police se sont produits alors que des manifestants, pour certains masqués, tentaient de se diriger vers le London Stock Exchange.

• Ailleurs en Europe et dans le monde

Un manifestant devant la Bourse de Hong-Kong. Crédits photo : TYRONE SIU/REUTERS
À Madrid, cinq colonnes sont parties des quartiers périphériques pour refaire le chemin jusqu'à la Puerta del Sol, la place emblématique qu'ils avaient occupée pendant un mois au printemps. «Le problème, c'est la crise, révolte-toi», proclamait une grande banderole en tête de la marche partie de Leganes, à une quinzaine de kilomètres au sud de Madrid. Une autre portait l'un des mots d'ordre favoris des «indignés» espagnols : «Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir». Dans la soirée, une marée humaine a envahi la place, où les manifestants se sont figés dans un «cri muet», symbole de l'oppression, avant d'écouter un orchestre entonner la Neuvième symphonie de Beethoven. Quelques dizaines de manifestants se sont ensuite allongés par terre, dans un geste symbolisant la mort, au pied de quelques «banquiers» restés fièrement debout.

Aux Pays-Bas, un millier de manifestants se sont rassemblés à La Haye, autant sur la place de la Bourse à Amsterdam, et environ 500 sur la Paradeplatz à Zurich, place emblématique de la finance suisse.

Samedi matin, quelques centaines de manifestants avaient également défilé dans les grandes villes d'Asie, comme Tokyo, Sydney et Hong Kong. À Johannesburg, une cinquantaine de personnes se sont donné rendez-vous devant la plus importante Bourse d'Afrique, portant des pancartes avec les mots «A bas le capitalisme», «Que le peuple partage les richesses».

À New York, le mouvement Occupy Wall Street, qui s'est nourri aux États-Unis du chômage des jeunes et de l'accroissement des inégalités, et occupe un parc depuis le 17 septembre, avait appelé à un rassemblement à Times Square. Quelque 2000 manifestants ont défilé et la police a procédé à 71 arrestations.
Source: www.lefigaro.fr