Oslo ne s'attendait pas à un attentat de l'extrême-droite


Un rapport établi avant les attaques commises vendredi montre que la sécurité intérieure norvégienne ne prenait pas au sérieux la menace de l'extrême-droite.

Si la Norvège se méfiait de possibles attentats terroristes, elle était peu inquiète des menaces venant de l'extrême-droite. C'est ce qui ressort, après le double attentat perpétré vendredi par un homme décrit comme un fondamentaliste chrétien et proche de l'extrême-droite, d'un rapport établi par les services norvégiens de sécurité (PST) en 2011. Le PST s'attendait seulement à une augmentation de l'activité des groupuscules extrémistes en 2010, qui devait «se poursuivre en 2011», et relevait tout au plus des contacts accrus avec leurs homologues européens.

«En Norvège, les militants d'extrême droite n'ont été que légèrement actifs au cours de ces dernières années (…) Comme les années précédentes, les groupuscules d'extrême-droite et d'extrême-gauche ne représentent pas une menace sérieuse pour la société norvégienne en 2010», note ainsi le rapport. Le meurtre le plus récent commis par des extrémistes de droite remontait en effet au début des années 2000. Deux Norvégiens avaient alors écoppé de peines d'emprisonnement de 15 et 16 ans pour avoir tué un de leurs concitoyens de couleur noire.

La sécurité intérieure norvégienne redoutait plutôt une attaque islamiste sur son sol qu'un acte isolé comme celui qui vient d'avoir lieu. «Certains extrémistes islamistes apparaissent actuellement de plus en plus orientés à l'international, et c'est principalement ce groupe qui pourrait présenter une menace directe pour la Norvège au cours de l'année à venir», notaient les services du renseignement intérieur, qui redoutaient une «polarisation» et «des troubles».

Le pire attentat en Europe depuis 2005
Les regards étaient donc davantage tournés vers la piste musulmane. Des événements récents ont pu renforcer la conviction des autorités. La semaine dernière, un mollah qui vit en Norvège avait été inculpé pour avoir menacé de mort une politicienne norvégienne. L'an passé, à Oslo, trois islamistes avaient été arrêtés, alors qu'on les suspectait d'avoir eu l'intention de préparer un attentat terroriste.
De manière générale, la police norvégienne s'intéressait aussi aux réseaux sociaux, susceptibles d'engendrer une «radicalisation», et aux «zones de conflits» dans le monde pouvant provoquer des «déplacements» de terroristes. La Norvège avait également reçu plusieurs fois des intimidations en raison de la présence de militaires en Afghanistan.

Les attentats d'Oslo sont les pires en Europe depuis ceux de Londres en 2005 - ils avaient provoqué la mort de 52 personnes. Après cette date, l'Europe n'a connu que peu d'attaques. Selon un rapport d'Europol, le nombre d'attentats dans l'Union européenne a eu tendance à reculer ces dernières années. En 2010 il y a eu 249 attaques terroristes, soit moins qu'en 2009 (294 attaques) et beaucoup moins qu'en 2007 (581) et 2008 (441). L'Europe n'avait jusqu'alors jamais connu d'événements comparables à ceux Oklahoma City une ville des Etats-Unis où, en 1995, un militant d'extrême-droite avait tué 168 personnes en faisant exploser un véhicule piégé devant un bâtiment fédéral. C'est sans doute ce qui explique pourquoi la Norvège a choisi de ne pas renforcer son niveau d'alerte, qui reste toujours «faible».

Source: www.lefigaro.fr