La Lune riche en eau, en argent et en mercure



Une sonde américaine révèle que notre satellite est un «trésor» d'éléments chimiques.

«Nous avons trouvé de l'eau, l'équivalent d'au moins une dizaine de seaux !» Il y a presque un an, Anthony Colaprete, le responsable scientifique de la mission LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite), exultait en révélant les premiers résultats de l'analyse des poussières soulevées par l'impact d'un engin de 2,3 tonnes près du pôle Sud de la Lune.

Cette annonce pour le moins imprécise, et que d'aucuns jugeaient prématurée, avait suscité un début de polémique. La Nasa ne cherchait-elle pas, comme elle sait parfois si bien le faire, à relancer l'intérêt des futures missions lunaires prévues dans le projet Constellation de l'ex-président George Bush, à l'époque sur la sellette ? La présence abondante d'eau, même gelée, était en effet la condition sine qua non pour installer des bases lunaires occupées en permanence par des équipages d'astronautes.

Manifestement, l'argument n'a pas fait mouche, Barack Obama ayant renoncé depuis à ce coûteux retour des États-Unis sur la Lune, qui devait également servir de tremplin à la conquête de Mars. Mais la moisson de données recueillies par la sonde LCROSS n'en reste pas moins exceptionnelle.

Dans l'un des six articles publiés vendredi dans la revue Science, l'équipe d'Anthony Colaprete confirme que le sol lunaire contient beaucoup d'eau. Dans le trou de 20 à 30 mètres de diamètre creusé dans le cratère Cabeus par l'étage de la fusée Atlas, lancé à plus de 9 000 km/h, la concentration moyenne de glace est de 5,6 %. Les instruments de la sonde LCROSS ont détecté pas moins de 155 kg d'eau sous forme de glace et de vapeur dans le panache soulevé par l'impact. Ce qui correspond, effectivement, à un grand nombre de «seaux» !

Et ce n'est pas tout. L'analyse du nuage révèle que le sol de ce cratère lunaire, plongé en permanence dans l'obscurité, est également riche en matériaux utiles ou précieux comme l'argent, l'hydrogène mais également toxiques comme le mercure. Sans oublier le méthane, l'ammoniaque ou le dioxyde de carbone (CO2). «Le cratère Cabeus semble être un trésor d'éléments chimiques», souligne le géologue Peter Schultz de l'Université Brown, dans l'État de Rhode Island, et principal auteur d'une des publications déjà citées. Ces atomes et molécules, piégés dans les cratères polaires, proviendraient selon lui des comètes et des météorites qui bombardent la Lune depuis des milliards d'années.

La présence d'argent n'est pas une surprise, les missions Apollo, entre 1969 et 1972, en ayant déjà trouvé à l'état de traces, tout comme l'or. Vu les concentrations extrêmement faibles, il n'est «pas question de songer à une exploitation minière !», tempère M. Schultz.

La détection de mercure est, en revanche, beaucoup plus inattendue. La sonde LCROSS a déterminé qu'il était aussi abondant que l'eau gelée. Ce qui, vu la toxicité de ce métal, pourrait contrarier un peu plus l'hypothétique retour des Américains sur la Lune…

Source: www.lefigaro.fr