Les non-vacances de M. Zapatero


Après avoir prêché ces derniers mois la rigueur, le sacrifice et le travail pour sortir de la crise, le chef du gouvernement espagnol a décidé de montrer l'exemple. Cet été, José Luis Rodríguez Zapatero ne partira pas en vacances. Pour la première fois depuis sa première investiture en 2004, il restera la plus grande partie du mois d'août dans son bureau du palais de la Moncloa à Madrid pour préparer les réformes économiques qu'il présentera à la rentrée. C'est une question de "responsabilité" dans une situation "très sérieuse pour l'Espagne", a-t-il souligné lundi 2 août. En septembre, il devra en effet convaincre les députés d'approuver le budget de l'Etat pour 2011, qui s'annonce d'ores et déjà "restrictif et austère", a-t-il prévenu le vendredi 30 juillet lors de la présentation du bilan de la gestion du gouvernement pour le premier semestre 2010.


Austère sera donc aussi le mois d'août pour M. Zapatero qui ne s'offre que deux escapades. La première dans sa province natale de León, où il a fêté mercredi 4 août ses 50 ans auprès de sa famille. La seconde, au domaine Quintos de Mora, propriété de l'Etat espagnol, situé dans la province de Tolède. Il s'y rendra un week-end avec son épouse et leurs deux filles.

Ces séjours se veulent courts, mais aussi placés sous le signe des économies. Le président socialiste fuit toute ostentation, sans doute pour que ne se reproduisent pas les critiques de l'été 2009. Ses longues vacances dans le somptueux palais de la Mareta à Lanzarote, ancienne propriété du roi Hussein de Jordanie offerte au roi d'Espagne et devenue propriété nationale, avaient alors fait tache dans un contexte de crise déjà aigu.

Cette année, après avoir imposé la baisse des salaires des fonctionnaires de 5 % en moyenne, le gel des pensions ou la suppression du chèque-bébé, et alors que le chômage dépasse les 20 %, M. Zapatero se veut solidaire des millions d'Espagnols qui ne peuvent pas s'offrir de vacances : selon une étude de l'agence de voyage en ligne Muchoviaje.es ils seraient 30 %. Les ministres sont eux aussi appelés au sacrifice. Ils prendront de courtes vacances, "tout en travaillant", affirme-t-on à la Moncloa, et devront être de retour pour un conseil des ministres extraordinaire le 20 août.

Par ces mesures, le chef du gouvernement espagnol espère aussi remonter sa cote de popularité, tombée de 55,8 % lors de sa réélection en 2008, à 37,1 % après l'annonce de son plan de rigueur au printemps. Un résultat inférieur à celui de l'ancien président du gouvernement José María Aznar pendant la guerre d'Irak (39,9 %).

En juillet, M. Zapatero avait déjà voulu incarner l'austérité en se privant de la finale de la Coupe du monde de football entre l'Espagne et la Hollande. Ni lui ni aucun membre du gouvernement n'avaient fait le voyage en Afrique du Sud. Seule la famille royale avait représenté officiellement l'Espagne. - (Intérim.)

Source: www.lemonde.fr