Le Portugal se mobilise dans la rue contre le plan de rigueur


Fonctionnaires et salariés du privé manifestent samedi contre les mesures d'austérité annoncées par le gouvernement pour redresser les finances publiques.

La cure d'austérité fait des vagues au Portugal. Samedi après-midi, des milliers de fonctionnaires et salariés du privé se sont rassemblés à Lisbonne pour participer à une grande manifestation nationale contre les mesures de rigueur annoncées par le gouvernement socialiste. «Nous ne voulons pas que la société portugaise tombe dans l'indifférence et se résigne», a déclaré Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, la principale confédération syndicale, qui a appelé à cette journée d'action.

Les manifestants entendent exprimer leur opposition aux plans du gouvernement qui, après avoir annoncé en février un premier programme d'austérité basé essentiellement sur une réduction des dépenses, a présenté en mai de nouvelles mesures dont une hausse généralisée des impôts, la baisse des aides sociales ou encore le gel des embauches des fonctionnaires. «Nous voulons que les mesures exceptionnelles, telles que la hausse de la TVA ou des impôts sur les revenus des ménages, soient associées à un calendrier et qu'elles s'inscrivent dans une stratégie à long terme», a expliqué Manuel Carvalho da Silva.

Fonctionnaires et salariés du privé, venus de différentes régions dans des dizaines de cars, se sont rassemblés en début d'après-midi dans plusieurs points de la capitale avant de défiler ensemble sur la principale artère de Lisbonne. Les professeurs se sont massés devant le ministère de l'Education, portant des pancartes bleues et rouges exigeant «que les responsables de la crise en payent les conséquences!» ou appelant «à geler le gouvernement». Les mesures d'austérité doivent permettre d'accélérer l'assainissement des finances publiques face au risque d'une contagion de la crise grecque et à l'explosion des taux d'intérêts de la dette, explique le gouvernement portugais qui s'est engagé à ramener son déficit de 9,4% du PIB en 2009 à 4,6% dès 2011 et sous les 3% préconisés par Bruxelles en 2013.

Les organisateurs de la manifestation tablent sur plus de 200.000 participants, espérant battre le record d'affluence de ces dernières années qui remonte au 13 mars 2009 lorsque quelque 200.000 personnes avaient battu le pavé à Lisbonne pour réclamer de meilleures conditions de travail. L'Union générale des travailleurs (UGT), deuxième confédération syndicale portugaise, historiquement proche du Parti socialiste, s'est démarquée de cette initiative affirmant «privilégier le dialogue» et refuser d'ajouter une «instabilité sociale» aux problèmes économiques du pays.

Jeronimo de Sousa, secrétaire général du Parti communiste (PCP), dont le parti est proche de la CGTP, devait participer à la journée d'action à Lisbonne. La semaine dernière le PCP avait déposé une motion de censure contre la politique de «stagnation économique et de régression sociale» du gouvernement. Minoritaire au Parlement, le gouvernement socialiste avait échappé à cette sanction grâce à l'abstention du principal parti de droite (PSD), qui a apporté son soutien au programme d'austérité de l'exécutif.

«L'accord entre le gouvernement socialiste et le PSD 'pour calmer les marchés' protège le capital mais pénalise les travailleurs, les retraités et les chômeurs, tous des victimes» de ce plan de rigueur, souligne un tract de la CGTP qui n'exclut pas d'appeler à une grève générale dans les prochains jours. «Plus la mobilisation sera forte samedi et plus nous serons en mesure d'appeler à une grève», a indiqué Libério Domingues, de la commission exécutive de la CGTP.

Source: www.lefigaro.fr