Le TGV marocain mettra Tanger à 1 h 20 de Rabat dès la fin 2015




Les premiers engins entreront en action en juin 2010 sur le chantier de la ligne à grande vitesse Casablanca-Tanger et les premiers passagers du TGV marocain se rendront en 1 h 20 de Rabat à Tanger, contre 3 h 55 aujourd'hui, à partir de décembre 2015.
Le financement de ce premier TGV africain est bouclé depuis lundi 1er février, jour où l'Etat marocain et l'Office national des chemins de fer (ONCF) ont signé un contrat-programme 2010-2015 incluant 20 milliards de dirhams (1,7 milliard d'euros) pour 200 km de voies à grande vitesse et 14 rames à étage (500 places) conçues par le français Alstom.



Fruit d'une collaboration avec la France depuis la visite du président Nicolas Sarkozy au Maroc en octobre 2007, ce projet sera financé ainsi : 5,8 milliards de dirhams (516 millions d'euros) en provenance du budget marocain et du fonds Hassan-II pour le développement socio-économique, 1,9 milliard de dirhams (169 millions d'euros) par des dons français et européens et 12,3 milliards de dirhams (1 milliard d'euros par des prêts avantageux consentis par la France et la Banque européenne d'investissement).

"Nous procéderons en deux temps, explique Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l'ONCF. Dans une première phase, à partir de fin 2015, les TGV circuleront à 320 km/h sur la voie nouvelle entre Tanger et Kénitra, puis à 160-180 km/h sur la voie classique aménagée entre Kénitra et Rabat-Casablanca. Le trajet Tanger-Casablanca sera effectué en 2 h 10 contre 4 h 45 aujourd'hui. Par la suite, nous prolongerons la voie à grande vitesse jusqu'à Casa, qui sera alors à 1 h 30 de Tanger." Le schéma directeur de développement des TGV prévoit que vers 2030-2035, les rames pourraient pousser au sud vers Agadir, via Marrakech, et à l'est vers Oujda et l'Algérie, via Fès et Meknès sur 1 500 km de voies nouvelles.

Une forte rentabilité

Ce TGV n'est pas né en 2007 de la visite officielle du président français, pas plus qu'il ne représente une compensation donnée à la France pour le marché perdu par ses avions de combat Rafale. "Nous y travaillions depuis 2003, raconte M. Khlie, car nos études nous avaient montré que toute nouvelle ligne devait être à grande vitesse. La demande était là : entre 2002 et 2009, le nombre de nos voyageurs est passé de 14 millions à 30 millions."

Sans oublier la rentabilité socio-économique. En effet, cet indice, dont la formule combine les heures de transport économisées, les émissions de CO2 évitées et les victimes d'accidents de la route épargnées, donne une rentabilité de 12,6 % au projet Casablanca-Tanger qui, avec 8 millions de voyageurs, quadruplera la fréquentation actuelle de la ligne. Pour mémoire, la rentabilité des TGV français tourne autour de 4,5 % à 5 %.

"Nous ne délaisserons pas pour autant notre réseau classique, qui bénéficiera d'investissements pour 13 milliards de dirhams (1,15 milliard d'euros)", complète le directeur général. La libération des voies classiques permettra notamment de mieux traiter le fret et d'acheminer 120 000 conteneurs vers des "ports secs" sous douane couplés avec des plates-formes logistiques à Marrakech et à Fès.

Source: www.lemonde.fr