En Espagne, M. Zapatero tente d'éviter la querelle du crucifix dans les écoles




Le retrait des crucifix des écoles n'est pas à l'agenda du gouvernement." En quelques mots, José Luis Rodriguez Zapatero a éteint, au moins provisoirement, l'incendie déclenché, mercredi 2 décembre, par une initiative parlementaire du petit parti de gauche Esquerra republicana de Catalunya (ERC, indépendantiste).

Les députés catalans, appuyés par ceux du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et du Parti nationaliste de Galice (BNG), demandaient que l'Espagne applique un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg (CEDH) condamnant l'Italie à retirer les symboles religieux des salles de classe publiques.

Le chef du gouvernement espagnol a donné rendez-vous à l'opinion pour plus tard, quand serait discutée la future loi sur la liberté religieuse, une réforme de la laïcité qui faisait partie, en 2008, du programme électoral socialiste, mais pour laquelle aucune date n'est encore avancée.

Le soutien des parlementaires socialistes à l'initiative d'ERC a d'ailleurs été interprété par la presse espagnole comme un "message interne" au PSOE, destiné à accélérer la préparation de cette fameuse loi. Le gouvernement, aux prises avec la crise économique, n'est pas pressé d'affronter à nouveau les milieux conservateurs et l'Eglise sur ce sujet brûlant. "Si nous devions incorporer cette jurisprudence européenne à notre projet de loi, nous chercherions toujours le plus grand consensus possible avec toutes les forces politiques", a expliqué prudemment le ministre de la justice, Francisco Caamano.

Son collègue chargé de l'éducation, Angel Gabilondo, a donné une idée de la quadrature du cercle qui attend le législateur, puisque la loi devra tenir compte de l'article 16 de la Constitution qui établit la nature "non confessionnelle" de l'Etat et "les croyances religieuses de la population espagnole".

Sitôt connue, la proposition de la commission parlementaire de l'éducation avait provoqué une virulente réaction du Parti populaire (PP, droite), du milieu associatif catholique et, surtout, de la hiérarchie de l'Eglise espagnole.

COMME EN ITALIE

Pour le président de la Conférence épiscopale, Mgr Antonio Maria Rouco Valera, le retrait des crucifix des écoles publiques reviendrait à "priver les familles et les enfants espagnols de pouvoir voir le signe le plus fondamental et caractéristique de leur foi, une foi qui a configuré leur histoire personnelle, celle de leur famille et de leur peuple".

Le gouvernement espagnol a promis d'évaluer "quel degré d'exigence contient la sentence de Strasbourg pour les Etats membres". Il pourrait se retrouver lui-même dans le collimateur des magistrats de la CEDH, puisqu'un tribunal de Valladolid (Castille-Léon), saisi par un parent d'élève, a ordonné en 2008 à un collège public de retirer les crucifix de ses salles de cours. Le gouvernement régional ayant fait appel, le cas pourrait suivre le même parcours que la plainte de la mère de famille de Padoue qui a provoqué la condamnation de l'Italie.
Source: www.lemonde.fr