Roumanie : le second tour de la présidentielle opposera M. Basescu et M. Geoana





Les Roumains se sont rendus aux urnes, dimanche 22 novembre, dans l'espoir de trouver une solution politique à la crise économique qui frappe de plein fouet leur pays. Vingt ans après la chute du régime communiste et presque trois ans après l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne le premier tour de l'élection présidentielle a déchaîné les passions. Selon les premières estimations, Traian Basescu, le président sortant qui brigue un deuxième mandat, a obtenu 34 % des suffrages.

L'ancien capitaine de vaisseau, âgé de 58 ans, s'est qualifié pour le deuxième tour qui aura lieu le 6 décembre. Il devra affronter Mircea Geoana, le chef de file des socialistes, crédité de 32 % des voix.

Si ce dernier ne possède pas le charisme de Traian Basescu, il a derrière lui le poids du Parti social-démocrate, héritier de l'ancien Parti communiste. "Le 6 décembre, nous allons vaincre ensemble, a-t-il déclamé devant ses supporters à l'issue du scrutin. C'est là que commencera le travail le plus dur : il faudra unir le pays, après cinq ans de scandales et de désunion."

Le président sortant bénéficie de son côté du résultat positif au référendum qu'il a soumis aux Roumains. Celui-ci visait à réduire le nombre des parlementaires accusés de corruption et à passer d'un Parlement bicaméral à un Parlement monocaméral.

La première surprise de cette élection est le taux de participation de 53,5 % qui dément les pronostics pessimistes émis avant le scrutin. La deuxième surprise est le bon résultat du troisième candidat, Crin Antonescu, chef du Parti national libéral, qui aurait récolté 22 % des suffrages. Ce résultat inattendu lui permettra de peser sur la formation du futur gouvernement.

"Dans l'ensemble il s'agit d'un vote très à droite et les hommes politiques devront tenir compte de l'opinion de l'électorat pour constituer le nouveau gouvernement", a affirmé Traian Basescu après le scrutin. Le président sortant laisse présager une alliance avec le libéral Crin Antonescu avant le deuxième tour.

RÉCESSION

Mais, quel que soit celui qui l'emportera, la tâche ne sera pas facile. L'enjeu majeur de cette élection est le règlement de la crise économique que les Roumains attendent depuis l'année dernière, déçus par une classe politique incapable d'en gérer les effets.

Le salaire moyen, qui ne dépasse pas 350 euros par mois, montre que la prospérité espérée n'est pas au rendez-vous. Après une décennie de croissance la Roumanie a plongé dans une récession sévère qui a entraîné une baisse de 8 % du PIB.

L'économie roumaine vit sous perfusion depuis que Bucarest a emprunté vingt milliards d'euros au Fonds monétaire international, à l'Union européenne et à la Banque mondiale. La manne des bailleurs de fonds internationaux s'est tarie il y a un mois lorsque l'opposition a fait tomber le gouvernement centriste du président Basescu. Les organes de financement internationaux ont fermé le robinet en attendant la mise en place d'un nouveau gouvernement.

La priorité du nouveau président sera d'offrir à son pays un gouvernement stable capable de rétablir la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs.


Mirel Bran

Source: www.lemonde.fr