Ce que pense la presse internationale de l'affaire Chirac


La presse internationale était unanime samedi pour souligner le caractère exceptionnel du renvoi de l'ancien chef d'Etat français Jacques Chirac, de surcroit populaire, devant la justice dans un dossier d'emplois fictifs du temps où il était maire de Paris.

"Il faut remonter très loin dans l'histoire pour trouver des précédents", relève le journal italien La Repubblica qui cite Louis XVI, guillotiné en 1793 et Philippe Pétain, condamné à mort pour haute trahison en 1945. "Depuis ces chapitres tragiques, aucun autre ex-chef d'Etat n'a comparu devant un tribunal français. Ce qui fait de l'affaire Chirac une exception", souligne le journal.
"Un développement sans précédent qui écrit une nouvelle page de l'Histoire" renchérit le quotidien britannique The Independent.
"Du jamais vu sous la Vème République", commente de son côté le journal suisse Le Temps, tout en remarquant que M. Chirac "est frappé alors même qu'il connaît un saisissant retour affectif auprès des Français".
"Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République un ex-chef d'Etat français devra s'asseoir sur le banc des accusés (...) Sur le point de publier son autobiographie, il n'aura pas le temps d'inclure l'ignominie que représente le fait de devenir le premier ex-président de la République française contemporaine jugé par un tribunal", souligne l'espagnol El Mundo.
"S'il en vient à être jugé, M. Chirac sera le premier chef d'Etat français à devoir répondre à une accusation de corruption, conclusion humiliante d'une carrière de plus de 30 ans", écrit pour sa part le New York Times qui rappelle que M. Chirac encourt 10 ans de prison et une amende de 210.000 dollars.
A Berlin, le TagesspiegelTagesspiegel évoque une "première judiciaire".
En Allemagne, comme en Italie, en Algérie ou en Grande-Bretagne, l'événement est considéré d'autant plus exceptionnel qu'il est mis en contraste avec la popularité de l'ancien chef d'Etat.
"Le grand-père de la nation au bord du gouffre", souligne le Frankfurter Rundschau, une image reprise par le Berliner Zeitung qui en profite pour le comparer à Nicolas Sarkozy: "Il est honoré comme une sorte de grand-père de la nation, et beaucoup de Français lui reconnaissent une dignité d'homme d'Etat, qui manque tant à son très dynamique successeur Sarkozy".
"Après avoir battu un record de longévité politique et de popularité, Jacques Chirac conquiert le titre peu édifiant d'être l'unique président de la République français renvoyé devant la justice", écrit le Corriere della Sera tandis que l'Algérien El Watan s'exclame: "Suprême injure pour un gaulliste pur et dur adulé par 76% des Français malgré ses casseroles".
Le Times de Londres écrit lui "si Chirac se retrouve devant le tribunal, les accusations à son égard ne représenteront qu'une fraction des allégations, souvent épouvantables, qui ont émergé de son règne de 18 ans en tant que premier maire de Paris depuis le 19e siècle (...) Mais il bénéficie de l'affection de son pays en tant que chef d'Etat affable et âgé et il a toujours réussi à +passer entre les gouttes+".
Un dilemme que le belge Le Soir résoud ainsi: "Quel que soit le bilan politique de Jacques Chirac, quelle que soit la sympathie qu'il inspire désormais a l'opinion, il doit être jugé".

Source: www.lexpress.fr

Condamnée à une amende de 600.000 euros, la Scientologie peut poursuivre son activité


Le verdict est tombé dans un silence total. Mardi, peu avant 11 heures, la justice a reconnu la Scientologie française coupable d'" escroquerie en bande organisée " et l'a condamnée à 600.000 euros d'amende. L'organisation peut toutefois poursuivre son activité. Mais les deux structures françaises de la Scientologie mises en cause dans ce procès se voient sévèrement averties. Les qualificatifs fusent de la part de la présidente à l'égard des prévenus : "Comportement particulièrement dangereux", "méthodes frauduleuses", "public visé psychologiquement faible"... Résultat, le Celebrity Center devra s'acquitter de 400.000 euros d'amende ; sa librairie, la SEL, de 200.000 euros. Les deux ont été par ailleurs condamnés à 7.000 euros de dédommagements divers. Alain Rosenberg, considéré par le tribunal comme "le dirigeant de fait" de la Scientologie française, a, quant à lui, été condamné à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende.

Le tribunal correctionnel a jugé qu'une "très forte amende" était "plus opportune" qu'une interdiction pure et simple des activités du Celebrity Center et de la SEL. Par ailleurs, le tribunal a insisté sur le fait que les deux structures scientologues devront diffuser très largement le jugement. Il devra ainsi être publié dans des journaux français mais aussi étrangers. La Scientologie a immédiatement indiqué qu'elle va faire appel de la décision dès aujourd'hui.

Ce verdict était très attendu après les réquisitions du parquet qui avait demandé, le 15 juin dernier, la dissolution des deux structures françaises de la Scientologie , une amende de 4 millions d'euros et des peines de prison avec sursis contre les principaux prévenus. Mais l'audience de ce jour était surtout attendue en raison de la vive controverse qui a enflammé les principaux acteurs du procès le mois dernier. En septembre, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) révélait qu'une modification de la loi, publiée le 12 mai au Journal officiel mais effectuée au coeur de l'été 2008, ne permettait plus de dissoudre une personne morale condamnée pour escroquerie. Un véritable tollé avait suivi cette annonce, les détracteurs de la Scientologie accusant l'organisation d'avoir "infiltré" l'Assemblée nationale et la Chancellerie, afin de piloter cette modification législative.

Source: www.lepoint.fr

Un million de manifestants anti-avortement défilent à Madrid


Ils protestaient samedi contre le projet de libéralisation de l'avortement proposé par le gouvernement socialiste espagnol. Dimanche, la droite demande le retrait de cette loi.

Plus d'un million de catholiques espagnols soutenus par l'Eglise et la droite, ont manifesté samedi à Madrid contre le projet de libéralisation de l'avortement du gouvernement socialiste aux cris de "l'avortement non! la vie oui", selon diverses estimations.

Les organisateurs ont avancé plusieurs estimations de participation à cette marche avant de la fixer définitivement à deux millions de personnes, tandis que la région de Madrid gouvernée par les conservateurs, a avancé le chiffre d'1,2 million de participants.

Le projet de loi socialiste, réformant une loi de 1985 qui n'avait dépénalisé l'avortement que sous certaines conditions, prévoit notamment une liberté totale d'avorter dans un délai de 14 semaines.

La droite demande le retrait de cette loi qui "divise les Espagnols"

Le dirigeant du Parti Populaire espagnol (PP, droite), première formation d'opposition, a annoncé dimanche qu'il demanderait cette semaine le retrait de cette loi. M. Rajoy a indiqué lors d'une conférence de presse qu'il demanderait aux députés, par le biais d'un amendement, que la loi "soit renvoyée au gouvernement et ne passe pas". Pour le chef du parti conservateur, ce projet de réforme "divise les Espagnols".

Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero, "devrait cesser de se comporter avec arrogance comme il l'a fait ces derniers temps (...), écouter ce que disent les gens et retirer une loi qui ne sert qu'à diviser l'ensemble des citoyens", a-t-il déclaré. Le PP s'oppose à la réforme et un grand nombre des ses responsables étaient présents à la manifestation

"Lui, il ne peut pas. C'est pour cela que moi, je crie"

Lors de la manifestation, personnes âgées, familles avec enfants et poussettes, groupes d'adolescents dont certains portaient des tee-shirts et des drapeaux rouges sur lesquels était écrit "Droit à la vie", religieuses et curés: une marée humaine a envahi le centre de la capitale espagnole.

La manifestation a débuté à 17H00 derrière une grande pancarte proclamant : "Chaque vie compte" et s'est achevée deux heures plus tard.

La manifestation avait été convoquée par le Forum de la famille, une plateforme d'organisations catholiques conservatrices

"Lui, il ne peut pas, c'est pour cela que moi je crie", scandait un groupe de jeunes filles, en arborant une figurine de plastique représentant un foetus.

Une contestation portée par les organisations catholiques conservatrices

La ministre socialiste de l'Egualité, Bibiana Aido, à l'origine du projet de loi controversé, a exprimé son "respect total" pour les manifestants tout en soulignant que "personne n'a le monopole de la morale". "Aucune femme ne peut être pénalisée pour prendre une décision aussi difficile de celle d'avorter", a-t-elle déclaré.

La manifestation avait été convoquée par le Forum de la famille, une plateforme d'organisations catholiques conservatrices, qui avait fait descendre des centaines de milliers de manifestants dans la rue en 2005 contre la loi autorisant le mariage homosexuel.

L'ancien chef du gouvernement conservateur José Maria Aznar(1996-2004) et plusieurs élus de la droite, dont la présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre et la secrétaire générale du Parti populaire (PP) Maria Dolores de Cospedal, ont participé à cette marche.

Le projet de loi approuvé le 26 septembre par le gouvernement et qui sera débattu à partir de novembre au Parlement, s'inspire de la législation en vigueur dans la plupart des pays de l'Union européenne.

S'il est adopté en l'état, les femmes vivant en Espagne pourront avorter librement dans un délai de 14 semaines, et de manière exceptionnelle, jusqu'à 22 semaines de grossesse en cas de "risque pour la vie et la santé" de la mère ou "de graves anomalies du foetus".

Une mesure controversée: l'avortement des mineures sans consentement parental

Il ne pourra enfin être pratiqué sans limite de temps qu'en cas de "maladie extrêmement grave et incurable du foetus".

Actuellement, l'avortement n'est autorisé qu'en cas de viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), de malformations du foetus (22 semaines) ou de "danger pour la santé physique ou psychique de la mère" (sans limitation de temps).

Mais dans la pratique, le risque pour la santé psychique de la mère est le motif invoqué par plus de 90% des femmes, ce qui a donné lieu à des avortements très tardifs et controversés.

Le projet contient une disposition très controversée, y compris dans l'électorat de gauche: les mineures de 16 et 17 ans pourront avorter librement sans consentement ni information préalable de leurs parents.

Les Espagnols sont majoritairement opposés à cette disposition, alors qu'ils se divisent en camps à peu près égaux entre partisans et opposants à la réforme dans son ensemble, selon les sondages.

12-Oct-1492: Mobilisation contre le Jour de la race


Le 12 octobre est un jour de deuil national”, a déclaré le président bolivien Evo Morales à l’occasion de la commémoration de la découverte de l’Amérique en 1492, rapporte El Nuevo Herald de Miami. Le Jour de la race, comme on le connaît en Amérique latine, est aussi le jour de la fête nationale espagnole et le Jour de l’hispanité. Le président bolivien a signalé que la colonisation espagnole n’a apporté que “de la faim, de la misère et des maladies” aux peuples indiens. A La Paz, un groupe de manifestants a demandé que l’on retire les statues de Christophe Colomb et d’Isabelle la Catholique qui trônent dans la capitale, informe le quotidien chilien La Nación. A Santiago, des parlementaires socialistes se sont engagés à présenter un projet de loi pour supprimer ce jour férié, Au Guatemala, au Paraguay, en Equateur et en Colombie, des organisations ont profité de cette date symbolique pour organiser des manifestations et déplorer le peu d’attention que les gouvernements actuels prêtent aux peuples autochtones. A Barcelone, plus de 300 personnes se sont mobilisées contre l’impérialisme et le racisme. “L’hispanité est un génocide”, pouvait-on entendre lors de la manifestation, selon les informations de La Vanguardia. Quelques mètres plus loin, plus de 500 membres de l’extrême droite ont défendu leur droit à “bénéficier en priorité des prestations que les envahisseurs illégaux nous volent”, en référence aux immigrés latino-américains en Espagne.

Source: www.courrierinternational.com

L'Italie paie-t-elle les taliban pour maintenir la sécurité?


Le quotidien britannique The Times affirme que les services secrets italiens ont rétribué des taliban en Afghanistan pour assurer la sécurité dans une région dont ils avaient la responsabilité. Rome et Paris estiment ces informations "infondées". L'Otan n'était "pas au courant".

Selon The Times, les services secrets italiens auraient versé des dizaines de milliers de dollars aux commandants taliban et aux seigneurs de guerre locaux pour maintenir en paix dans la région afghane de Saroubi. Puis, au moment de transmettre le contrôle de la région aux soldats français, auraient omis cette information. Omission à l'origine, toujours selon le quotidien britannique, de la mort de dix d'entre eux, en août 2008

Le gouvernement italien a qualifié ces allégations de "totalement infondées". "Le gouvernement Berlusconi n'a jamais autorisé ni consenti aucune forme de paiement d'argent aux membres de l'insurrection talibane en Afghanistan, et n'a pas connaissance d'initiatives de ce type du gouvernement précédent", indique un communiqué de la présidence du Conseil italien.

Un porte-parole de l'Otan a par ailleurs déclaré jeudi n'être "pas au courant". "Ce n'est pas une pratique de contre-insurrection. (...) Mais le gouvernement afghan peut parfois faire des arrangements locaux. Si c'est pratiqué, c'est plus par le gouvernement afghan que par les forces internationales", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan en Afghanistan, le général Eric Tremblay.

Des porte-parole des armées française et italienne basés à Kaboul n'ont pas souhaité faire de commentaires sur le sujet.

"Les Français ne donnent pas d'argent aux insurgés en Kapisa et Surobi", région proche de Kaboul où ils sont stationnés, mais "font du développement pour accompagner l'action de la force" militaire, a simplement dit le porte-parole français, le lieutenant-colonel Jackie Fouquereau.

La défense française a qualifié jeudi de "non fondées" ces informations. Le porte-parole de l'état-major des armées à Paris, l'amiral Christophe Prazuck, a affirmé "ne disposer d'aucun élément permettant de confirmer ces informations". "Ce sont des rumeurs et ce n'est pas la première fois que nous les entendons", a ajouté l'amiral.

Financer des milices locales pour assurer la sécurité d'opérations de développement est "un risque qui existe et dont on doit tenir compte pour éviter qu'il ne se transforme en réalité, c'est une de nos préoccupations", a-t-il cependant observé.

Plusieurs sources militaires ayant requis l'anonymat avaient déjà évoqué ce genre de pratiques, notamment chez les soldats canadiens stationnés dans la province de Kandahar (sud) mais aussi dans d'autres régions et par des militaires d'autres pays.

Source: www.lexpress.fr

Profession : enfant de président


Au cœur d'une polémique sur sa probable élection à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD), le fils du président de la République s'est expliqué, mardi 13 octobre sur le plateau de France 3. Interrogé sur sa détermination à aller au bout de sa candidature, Jean Sarkozy a répondu par l'affirmative. "Bien sûr, a-t-il dit, j'ai réfléchi beaucoup à cette question avant de me porter candidat."

"Depuis deux ans que je suis élu au conseil général, j'estime que mon devoir n'est pas d'attendre, mais de prendre des responsabilités parce que c'est mes électeurs qui me le demandent", s'est justifié le conseiller général des Hauts-de-Seine. Questionné sur les soupçons de népotisme proférés par l'opposition, Jean Sarkozy a répondu que "les attaques et les critiques [faisaient] partie du jeu politique. Je n'ai pas envie de me plaindre, j'ai envie d'agir", a-t-il précisé en balayant les accusations de favoritisme. "Jamais, depuis le début de mon parcours, je n'ai été nommé. Je tire ma légitimité de l'élection et du suffrage universel. Je suis un élu de la République", a-t-il dit.

Les critiques ont notamment porté sur le jeune âge de Jean Sarkozy et sur son manque de qualification. Il a fait valoir qu'il n'avait pas ménagé sa peine depuis son élection au conseil général des Hauts-de-Seine, travaillant "douze heures par jour" et occupant "le terrain comme le fond".


Le secret de la mort de Ben Barka (opposant marocain)


Nouvelles révélations dans l'affaire Ben Barka


'affaire de la disparition de Mehdi Ben Barka, opposant marocain disparu il y a 44 ans à Paris, ne cesse de rebondir. Son corps aurait été incinéré dans l'Essonne, indique l'écrivain Georges Fleury qui dit détenir un dossier secret de la gendarmerie.

Dans un entretien au Journal du dimanche, l'ancien commando de marine raconte avoir été abordé il y a vingt-cinq ans par un inconnu qui lui a remis des documents secrets sur l'affaire Ben Barka, enlevé le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Saint-Germain-des-Prés, au coeur de Paris. Cette personne était persuadée que le corps de Ben Barka avait été incinéré dans l'Essonne. "En tout cas, pour moi, c'est que ce qui s'est passé, je crois beaucoup à cette piste. A-t-elle été exploitée à l'époque ? Est-ce vérifiable aujourd'hui ? Je me pose la question", dit Georges Fleury.

L'écrivain précise avoir décidé de rendre aujourd'hui le dossier public "parce que, dans cette affaire, un juge d'instruction parisien se heurte toujours à la raison d'Etat entre la France et le Maroc". Il dit avoir perdu contact avec sa source et se dit prêt à remettre à la justice les documents en sa possession si on lui en fait la demande.

Le 2 octobre dernier, la France a suspendu la diffusion internationale de quatre mandats d'arrêt visant des responsables officiels marocains dans l'enquête sur la disparition de Mehdi ben Barka, principal opposant au défunt roi Hassan II et figure internationale de la gauche et du mouvement syndical. L'enquête ouverte depuis 1975 pour "assassinat", passée de juge en juge sans jamais être refermée, avait semblé proche d'aboutir après la mort de Hassan II en 1999, son fils et successeur Mohamed VI consentant à laisser venir les magistrats français au Maroc.

Les juges ont confirmé un scénario connu. Mehdi ben Barka a été enlevé et séquestré près de Paris par des truands français travaillant pour le Maroc, et actionnés par les services secrets du royaume chérifien. Ces exécutants français se sont ensuite réfugiés au Maroc. Un d'entre eux est mort et les trois autres ont disparu en 1971. Selon certains témoignages, Mehdi ben Barka a été torturé et tué, volontairement ou involontairement. Des responsables officiels marocains auraient ensuite fait disparatre son corps.

Maris violents : la solution du bracelet électronique


Le dispositif va être expérimenté. Il permet d'alerter la victime lorsque son ex-conjoint s'approche d'elle.

Pas plus grand qu'une montre en plastique, le bracelet électronique tient les maris violents à distance. Après l'Espagne, la France s'apprête à se doter de ce système avant-gardiste visant à protéger les victimes de mauvais traitements conjugaux. La secrétaire d'État à la Famille et à la Solidarité Nadine Morano doit annoncer mercredi matin sa volonté d'expérimenter ce dispositif en 2010.

«Il faut une vraie prise de conscience sur le sujet des violences au sein des familles ; on ne peut plus laisser aller les choses de cette façon», justifie-t-elle. Selon les dernières données disponibles, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2008.

Concrètement, le bracelet électronique permet de surveiller les déplacements de l'ex-époux violent 24 heures sur 24. Scellé au bras de l'agresseur, il est relié à un centre de contrôle par GPS et se recharge aux mouvements du poignet. La femme battue détient de son côté un petit boîtier qui se met à sonner si son ex-conjoint s'approche de son périmètre.

En cas de situation critique, la victime reçoit un appel du centre de contrôle qui l'aide à choisir le meilleur chemin pour l'éviter. Une patrouille de police peut également être envoyée sur les lieux. Enfin, un périmètre de sécurité peut être défini autour du lieu de travail, de l'école ou du centre commercial.

Un succès en Espagne

Les modalités précises restent cependant à définir, à l'issue d'une concertation avec les associations et les parlementaires qui sera lancée mi-octobre. En France, le bracelet électronique ne remplacera pas la peine de prison mais sera prescrit par la justice pour contrôler la mesure d'éloignement du conjoint violent. Environ 2 000 époux violents sont susceptibles d'être concernés chaque année.

Selon les experts, le bracelet électronique permet de sauver des vies. En Espagne, pays qui s'est doté de la législation la plus sévère d'Europe, la mesure a été expérimentée avec succès dans la région de Madrid, avant d'être étendue à tout le pays cet été (nos éditions du 4 août 2009). Quelque 3 000 GPS supplémentaires ont été mis à la disposition de la justice fin juillet. Selon le ministère espagnol de l'Égalité, le nombre de morts dues à la violence conjugale a baissé d'environ 14 % après la mise en œuvre de ce système.

«Les témoignages des femmes, très forts, montrent à quel point cette protection leur a permis de retrouver une stabilité psychologique et les a aidées à se reconstruire», indique-t-on au ministère de la Famille. Appliqué aux agresseurs les plus violents, souvent pathologiques, le dispositif casse le fantasme de toute-puissance dans lequel ils vivent.

«C'est une protection supplémentaire pour les victimes, confirme Me Martine Moscovici, avocate au barreau de Paris spécialisée dans la violence conjugale. Avec leur boîtier, les femmes seront psychologiquement rassurées : elles pourront se déplacer en paix, sans vivre avec la peur permanente d'être suivie.»

Le port du bracelet électronique sera couplé avec des mesures de prise en charge psychologiques et sociales, indispensables pour prévenir la récidive. Selon Nadine Morano, qui veut convaincre le premier ministre de reconnaître les violences faites aux femmes comme grande cause nationale en 2010, «on ne peut pas se contenter d'éloigner le mari violent» .

La secrétaire d'État doit évoquer ce sujet mercredi en présentant ses prochaines mesures, lors d'une rencontre avec d'anciennes ministres aux droits des femmes, dont Simone Veil, Valérie Létard et Yvette Roudy.

Les signes de reprise tardent en Espagne


Le PIB espagnol a enregistré sa quatrième baisse trimestrielle, à 1,1 % pour la période d'avril à juin.

Alors que l'Allemagne et la France commencent à sortir la tête de l'eau, l'Espagne continue d'évoluer en territoire négatif. Le PIB espagnol a accusé un recul plus important que prévu, de 1,1 %, au deuxième trimestre. Il s'agit de la quatrième baisse consécutive. Sur un an, l'économie s'est repliée de 4,2 %. Seul point encourageant, le ralentissement est moins marqué qu'au premier trimestre (- 1,9 %).

Il n'empêche : dans le détail, les indicateurs ne prêtent guère à l'optimisme. «Le fait le plus saillant, c'est la contribution particulièrement négative de la demande intérieure de 7,3 points, relève Philippe Sabuco économiste chez BNP Paribas. Le recul des dépenses des ménages a été encore plus marqué au cours du deuxième trimestre : de 5,9 % (5,1 % au premier), et ce, malgré la baisse des prix. Le chômage galopant, qui a atteint au deuxième trimestre 17,9 % et pourrait dépasser les 20 % en 2010, pèse sur le moral des Espagnols. Les ménages, qui se sont lourdement endettés pendant les années d'euphorie immobilière, veulent reconstituer leur épargne.

Plus grave, le pays souffre d'une crise structurelle, qui remet en cause un modèle de croissance trop axé sur la construction et le tourisme. D'autant que la crise immobilière, qui a précipité l'Espagne dans la récession, tarde à se résorber. Le volume des transactions et les prix continuent de chuter. Et l'économie n'a pas bénéficié cet été, en raison de la morosité générale, de la manne du tourisme. Autre facteur pénalisant, l'Espagne souffre vis-à-vis de ses voisins européens d'une faible productivité. Contrairement à l'Allemagne, l'économie hispanique ne peut guère compter sur ses exportations. «L'industrie spécialisée sur des biens à faible et moyenne valeur ajoutée subit notamment la concurrence des pays où la main-d'œuvre est moins chère», explique Philippe Sabuco.

Hausse d'impôts

Pour autant, le gouvernement estime que le pire est passé. Les données permettent de penser que «nous aurions atteint le point culminant du rythme de détérioration de la situation économique», a déclaré jeudi le secrétaire d'État à l'Économie, José Manuel Campa. Donnant écho à ce propos, l'agence de notation Moody's a maintenu sa note «AAA», jugeant le pays «résistant», en raison de son faible endettement et de ses excédents budgétaires engrangés pendant les bonnes années jusqu'en 2007. Ces excédents ont toutefois été largement entamés par les ambitieux plans de relance qui se sont succédé depuis le début de 2008.

Ainsi, le surplus budgétaire de 2,2 % du PIB en 2007 s'est transformé en déficit de 3,8 % en 2008. Il pourrait s'élever selon les prévisions du gouvernement à 9,5 %, voire 10 % en fin d'année. Le chef du gouvernement, José Luis Zapatero, a déjà annoncé des mesures d'austérité pour 2010, entre baisse des dépenses publiques et augmentation des taxes sur le tabac et l'essence. En évoquant jeudi dernier une possible hausse des impôts, le ministre de l'Équipement, José Blanco, par ailleurs numéro deux du parti socialiste espagnol, a jeté un pavé dans la mare juste avant l'ouverture du débat parlementaire sur le budget. Au-delà du revirement politique que cela représenterait, alors que Zapatero s'est employé depuis 2004 à baisser les impôts, l'augmentation de la pression fiscale risque de compromettre les chances de reprise. C'est toute l'équation à résoudre entre équilibre budgétaire et relance.

Source: www.lefigaro.fr