Sarkozy annonce un référendum en Martinique


Le chef de l'Etat a proposé de consulter les Martiniquais sur la question de l'autonomie. En Guadeloupe, il a vivement dénoncé l'attitude du syndicaliste Elie Domota.

Bruno Jeudy
26/06/2009

Un référendum pour sortir de la crise… et honorer la mémoire du poète martiniquais Aimé Césaire inlassable promoteur de l'autonomie de son île natale. Dans le hall de l'aéroport de Fort-de-France, re­baptisé vendredi par le chef de l'État « Aimé Césaire-Martinique », Nicolas Sarkozy lâche la phrase qu'attendaient tous les élus : « J'ai l'intention de consulter les Martiniquais sur l'évolution institutionnelle de leur territoire, comme la Constitution m'y autorise. » Applau­dissements. Avant lui, Serge Lechtimy, député maire de Fort-de-France avait longuement préparé le terrain en invoquant la mémoire d'Aimé Césaire : « Ce fervent promoteur de l'autonomie est mort dans un pays privé de responsabilité sur sa destinée. »

Nicolas Sarkozy n'aura pas déçu ses interlocuteurs. Il a toutefois pesé chaque mot, consulté tout le monde jusqu'à l'ancien ministre chiraquien de l'Outre-Mer Bernard Pons. « Bien sûr que l'autonomie est une bonne chose pour sortir de la crise », se félicite Bernard Pons, aujourd'hui paisible retraité martiniquais.

Quatre mois après la crise qui a paralysé l'île, le chef de l'État a donc tranché : les Martiniquais seront libres de choisir entre le statu quo, l'assemblée territoriale unique ou l'autonomie dont ils définiront eux-mêmes le degré d'importance (voir encadré ci-contre). Sarkozy, qui n'a pas oublié que les Martiniquais ont repoussé, par référendum en 2003, le principe de la collectivité territoriale unique, estime aujourd'hui que les esprits ont « évolué ». Au moment où démarre en métropole le débat sur la réorganisation territoriale, le pari martiniquais pourrait avoir valeur de test national.

« Décolonisation des esprits »

Le président s'est empressé d'écarter le spectre de l'indépendance : « Tant que je serai président de la République, la question de l'indépendance de la Martinique ne sera pas posée. » En fait, cette autonomie parachève, selon lui, « la décolonisation des esprits », une formule empruntée directement à Césaire.

Le référendum, dont la date n'est pas arrêtée, devrait intervenir, selon un conseiller, « soit fin 2009, soit après les élections régionales de 2010 ». Radieux, Sarkozy a quitté la Martinique sous les applaudissements. Jeudi, lors d'une réunion sur les états généraux de l'outre-mer à l'aéroport, il s'était employé à apaiser les tensions. Il avait mis en garde, sans citer son nom, le leader de la contestation en Guadeloupe Élie Domota qui a appelé au boycott des états généraux de l'outre-mer : « Quand on ne participe pas à un exercice démocratique, ça veut dire qu'on a peur de la confrontation ! »

À son arrivée à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le président a eu droit à un accueil folklorique organisé par la sénatrice UMP Lucette Michaux-Chevry - la mère de Marie-Luce Penchard, la nouvelle secrétaire d'État à l'Outre-Mer.

Mais le plus impressionnant est le dispositif de sécurité avec un nombre record de gendarmes en tenue anti-émeute. Sur place, le président s'est entretenu avec les élus réunis, à huis clos, dans une salle de l'aéroport. Ici, il n'est pas question d'autonomie. Pour l'instant, les élus ne la réclament pas.

S'il a reconnu que « l'atmosphère est encore lourde », Sarkozy a rappelé avec fermeté les « principes républicains ». Un avertissement sans frais pour le LKP d'Élie Domota qui a empêché r« instrument de propagande et de déstabilisation politique ».